La Conférence de Berlin s’engage à apporter une réponse globale à la crise du bassin du lac Tchad

Les donateurs annoncent des promesses de soutien totalisant 2,17 milliards de dollars et des prêts concessionnels d’un montant de 467 millions de dollars

4 septembre 2018
  • La Conférence a mis en avant la dimension régionale de la crise dans la région du lac Tchad, le rôle crucial des acteurs locaux, la coopération transfrontalière et l’appropriation à tous les niveaux.
  • Les donateurs ont promis de verser 2,17 milliards pour soutenir les efforts qui devront être consentis sur le plan de l’aide humanitaire, de la consolidation de la paix et du développement au Cameroun, au Niger, au Nigéria et au Tchad ; les institutions financières multilatérales ont annoncé quant à elles des prêts concessionnels à hauteur de 467 millions de dollars.
  • Les parties prenantes se sont engagées à répondre aux besoins immédiats et à plus long terme des populations afin de renforcer la résilience de millions de personnes touchées par la crise dans la région du lac Tchad.

Berlin, le 4 septembre 2018 – La Conférence de haut niveau sur la région du lac Tchad a conclu ses travaux ce jour par l’annonce de l’engagement renouvelé des participants à travailler ensemble pour faire face à la crise multiforme qui frappe cette région. Plus de 70 pays, organisations internationales et acteurs de la société civile se sont réunis à Berlin du 3 au 4 septembre pour discuter des solutions visant à ramener la paix et la stabilité dans les pays touchés. Les participants ont débattu des questions concernant l’aide humanitaire, la prévention des crises et la stabilisation, ainsi que l’effort de développement afin de définir la voie à suivre pour l’élaboration d’une réponse globale et inclusive. La Conférence a été une excellente occasion pour engager des discussions approfondies sur divers aspects soulevés lors de la Conférence Humanitaire d'Oslo pour le Nigeria et la région du lac Tchad qui s'est tenue en 2017.

Plus de 17 millions de personnes vivant dans le Nord-Est du Nigéria et dans certaines régions du Cameroun, du Tchad et du Niger sont actuellement confrontées à une crise complexe, provoquée par l’extrême pauvreté, le changement climatique et les conflits violents. En conséquence, la région déplore plus de 2,4 millions de déplacés et quelque 10 millions d’individus qui dépendent de la protection et de l’aide humanitaire pour satisfaire leurs besoins les plus élémentaires. Les participants ont convenu de la nécessité d’adopter une approche pluriannuelle cohérente pour intégrer tous les instruments disponibles afin de faire face à la crise de protection et de s’atteler aux causes profondes du conflit. Une telle démarche est indispensable pour ouvrir la voie à un développement durable et résilient de la région, et contribuer ainsi à préparer un avenir meilleur pour les populations touchées.

Le processus politique initié en marge de la Conférence de l’année dernière à Oslo a mis l’accent sur l’appropriation régionale et la coopération transfrontalière à tous les niveaux. Il a aussi abouti à la création du Groupe consultatif pour la prévention et la stabilisation du bassin du lac Tchad, qui s’est réuni pour la première fois en septembre 2017 à Berlin et a institué un cadre transfrontalier régional pour la coopération au niveau des Gouverneurs. C’est au cours d’une session ultérieure organisée à Maiduguri, au Nigéria, en mai 2018, que les Gouverneurs ont créé un forum permanent et officialisé leur engagement en faveur d’une stratégie de stabilisation régionale. Celle-ci a été adoptée le 30 août 2018 à Abuja par l’Union africaine et la Commission du bassin du lac Tchad.

À l’issue de la Conférence de haut niveau de Berlin, qui a rassemblé dix-sept États membres de l’Organisation des Nations Unies, la Commission européenne, les fonds de financement commun (Fonds central pour les interventions d’urgence et Fonds pour la consolidation de la paix), la Banque mondiale et la Banque africaine de développement, les participants ont annoncé qu’ils s’engageaient à apporter un financement conjoint de 2,17 milliards de dollars pour appuyer une réponse globale à la crise dans la région du lac Tchad.

Outre ce soutien, les institutions financières multilatérales (Banque africaine de développement, Banque islamique de développement et Banque mondiale) ont fait savoir qu’elles allaient accorder des prêts concessionnels à hauteur de 467 millions de dollars.

Le ministre allemand des Affaires étrangères, Heiko Maas, a déclaré à cette occasion :

« Aujourd’hui, nous faisons front commun pour réaffirmer notre engagement à l’égard de la région du lac Tchad. Nous devons veiller à ce que cette région, qui fut jadis la plaque tournante économique reliant l’Afrique du Nord et l’Afrique subsaharienne, ne devienne un refuge pour le terrorisme, la criminalité et la traite des êtres humains. Les problèmes qui transcendent les frontières nécessitent des solutions de même nature. C’est pourquoi l’Allemagne soutient la coopération régionale entre les quatre pays touchés par la crise. Nous voulons appuyer les efforts au niveau local afin que les populations puissent à nouveau vivre en paix et en sécurité, jouir d’un travail gratifiant au sein de leur communauté et envoyer leurs enfants à l’école ».

La ministre des Affaires étrangères de la Norvège, Ine Eriksen Søreide, a déclaré :

« La Norvège reste déterminée à renforcer la réponse humanitaire et à jeter les bases d’un développement durable dans la région du lac Tchad. Nous voulons donner la priorité à la protection des femmes, des enfants et des jeunes, qui sont souvent les groupes les plus durement touchés par cette crise. Dernier point, et non des moindres, il est tout aussi urgent d’intensifier la lutte contre la violence sexiste ».

Le ministre des Affaires étrangères du Nigéria, Geoffrey Onyeama, a déclaré :

« Les défis en matière d’aide humanitaire et de développement posés par les situations de crise prolongées dans la région du lac Tchad imposent d’énormes responsabilités aux États riverains et à la communauté internationale. Il ne fait aucun doute que les parties prenantes concernées doivent intensifier leur réponse à la crise en appuyant et en renforçant leur coordination afin d’assurer une approche plus synergique de la fourniture de l’aide ».

Le Secrétaire général adjoint aux affaires humanitaires et Coordonnateur des secours d’urgence, Mark Lowcock, a déclaré :

« Plus de 10 millions de personnes vivant dans la région du lac Tchad ont encore besoin d’une protection et d’une aide humanitaire d’urgence. La violence, la faim, les déplacements et la peur restent une dure réalité dans leur vie quotidienne mais nous avons aujourd’hui un bien meilleur accès à bon nombre de ces communautés qu’il y a un an. Je remercie les donateurs pour leurs généreuses promesses de soutien aux opérations humanitaires. Leur engagement envoie un message concret de solidarité et d’espoir aux personnes vulnérables qui ont le plus besoin de notre aide ».

L’Administrateur du Programme des Nations Unies pour le développement, Achim Steiner, a déclaré :

Les 2,17 milliards de dollars de subventions et les 467 millions de dollars en prêts concessionnels promis pour la région du lac Tchad constituent une solide approbation de notre nouvelle façon de travailler ensemble pour répondre aux besoins humanitaires et s’attaquer aux causes profondes de la crise sur le long terme. De cette manière, notre réponse à la crise devient aussi une opportunité d’investir en faveur d’un avenir où les crises seront moins probables et les pays plus résilients

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